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Créer un climat relationnel constructif…

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Par Norbert APTER.

CARL ROGERS (1902-1987)

Carl R. Rogers, indubitablement un des psychologues les plus influents du XXème siècle, conçut non seulement une méthode de psychothérapie, mais aussi et surtout une manière d’accompagner les groupes, les équipes, la résolution de problèmes et la transformation de conflits. Il démontra et développa le rôle de Facilitateur de processus de développement et de la relation constructive à soi et aux autres.

Par les recherches qu’il a suscitées et effectuées, par sa pratique de la psychothérapie et son implication active en psychologie, en éducation, en relations humaines et en médiation, il a approfondi la dimension relationnelle et en a élaboré et vérifié une théorie et une pratique : l’Approche Centrée sur la Personne.

L’Approche Centrée sur la Personne est, en fait, une manière d’être et de créer un climat relationnel, permettant que les positionnements défensifs-agressifs deviennent non-nécessaires et que la confiance croisse; facilitant ainsi le développement de la personne, des personnes et de leurs relations constructives en groupe (famille, école, entreprise…).

Cette manière d’être est basée sur

  • la tendance innée de chaque personne à “l’auto-actualisation“, c’est-à-dire à l’ajustement évolutif aux circonstances internes et externes du moment. Ceci relève de l’essence de l’être et implique une confiance réaliste à avoir en le processus.
  • la nécessité d’établir un climat relationnel facilitant dont les 3 conditions sont : l’acceptation inconditionnelle de l’être, l’empathie et la congruence. Ce climat relève, quant à lui, de la manière d’être en relation.

Ces découvertes de Carl Rogers sont primordiales en ce qui concerne l’entretien individuel, l’animation de groupe, la gestion d’équipe, et les processus de résolution de problèmes, de résolution de conflits, d’intervention de crise et de médiation. C’est pourquoi l’Approche Centrée sur la Personne est actuellement utilisée dans d’innombrables lieux de par le monde en psychologie, en médecine, en éducation, en travail social… ainsi que dans le monde de l’entreprise, du management et de la médiation.

La méthode de J.L.Moreno, profondément humaniste, s’allie elle aussi très avantageusement avec l’Approche Centrée sur la Personne. Le psychodramatiste ou le spécialiste en Méthodes d’Action peut réellement maximaliser son rôle de Directeur en le transformant en Facilitateur ayant la manière d’être que nous allons développer ci-dessous.

Faire confiance en le processus

La vision anthropologique dont est issue la confiance en le processus est que tout être humain, comme tout être vivant, sait, peut et tend vers son « mieux ». Au cours d’un stage de rencontres interculturelles, Carl Rogers illustra ce qu’il appelle la tendance innée à l’auto-actualisation à peu près ainsi:

“La graine du citronnier sait croître et le peut. Elle se nourrira des richesses qu’elle tirera du sol et la jeune pousse se dirigera d’elle-même vers la lumière, vers le soleil. Il n’est pas nécessaire d’indiquer au citronnier en formation comment s’abreuver de l’humidité et de l’eau, où se trouve le soleil, ni comment se nourrir des minéraux, ni même lesquels choisir. Ses seuls besoins pour se développer et s’épanouir pleinement sont d’être dans un sol fertile, dans un climat favorable.

Il en est de même de l’être humain. Lui aussi a cette tendance “formative”, cette tendance à “l’auto-actualisation”. Il sait et il peut. De même que chaque graine, chaque citronnier a ses caractéristiques, son évolution propre, chaque être humain a ses dilemmes, ses propres questions, ses propres réponses, ses propres solutions. Ce dont il a besoin, c’est d’un climat favorable qui lui permette de les chercher, de les trouver, de les choisir et d’en tirer les fruits.”

(Extrait d’un article écrit par Norbert Apter, paru peu après le décès de Carl Rogers dans La Suisse du 9 Février 1987)

Comme le soulignait aussi Bruno Bettelheim, ce que fait une personne, c’est ce qu’elle pense être le mieux, le plus important, le plus nécessaire, le plus faisable, à ce moment-là, dans cette situation, pour se sauver la vie ou l’améliorer. Pour la personne elle-même, c’est la « meilleure » solution, ou ne serait-ce que « la moins pire » qu’elle puisse trouver à sa situation telle qu’elle la vit, dans les circonstances internes et externes de ce moment-là, quels qu’en soient les effets.

D’où faciliter le développement constructif implique d’avoir confiance en le processus de chaque personne (y compris le nôtre), celui du groupe, de l’équipe, de l’institution, de l’entreprise, de l’organisation… : nous tendons à nos manières respectives vers notre propre « meilleure » évolution. Cette confiance en le processus a, par contre, afin d’être réaliste, besoin de s’accompagner d’un accueil de la réalité, d’une écoute empathique des diverses parties présentes et d’une image-autoactualisationexpression de soi congruente. Ces trois attitudes, lorsqu’elles sont présentes simultanément facilitent en sécurité la croissance, le développement.

La tendance innée à l’auto-actualisation pourrait donc se définir ainsi: Comme tout autre être vivant, chaque être humain a les ressources nécessaires pour croître -même si parfois elles sont enfouies-  et il tend vers sa propre évolution en tenant compte des circonstances intérieures et extérieures du moment. Pour maximaliser le potentiel de développement de la personne, elle a besoin d’un terrain, d’un climat relationnel caractérisé par trois attitudes, présentes ensemble: l’acceptation inconditionnelle de l’être, l’empathie et la congruence.


Voici regroupée ci-dessous une sélection de réflexions (à partir de questions souvent posées) sous forme d’entretiens avec l’auteur, et qui ont trait à  l’établissement des trois attitudes caractérisant ce climat relationnel facilitant: 
l’acceptation inconditionnelle de l’être, l’empathie et la congruence.

L’Acceptation Inconditionnelle de l’Être

Nombreuses sont les personnes qui prônent la tolérance, qu’en pensez vous ?

Quel dommage et, en même temps, quelle bonne idée : c’est toujours mieux que l’intolérance ! Pourtant, c’est tellement insuffisant : il n’est en effet pas du tout satisfaisant d’être toléré. C’est tout au plus « mieux que rien ». Si vous venez chez moi et que je vous donne comme message que je vous tolère, je ne doute pas un instant que votre « satisfaction » quant à mon accueil sera limitée. D’autant plus qu’à un moment ou un autre, un « dérapage » est susceptible de confirmer que vous n’étiez que toléré. Et là, ça fait mal !

Pourtant, cette tolérance dont on parle tant ces temps-ci doit bien avoir un sens ?

A mon avis, la tolérance est une acceptation momentanée et conditionnelle. Elle est néanmoins souvent un pas nécessaire vers l’acceptation inconditionnelle de l’être humain « autre ».

Vous avez l’air de privilégier plutôt l’acceptation inconditionnelle de l’autre ?

Oui, l’accueil sans jugement de qui est l’autre. Un accueil par-delà mes valeurs, mes croyances, mes opinions ….un accueil qui tient compte de la réalité humaine : l’inévitable différence, l’inévitable spécificité de chacun de nous. Cette acceptation inconditionnelle de l’être que j’ai en face de moi implique la reconnaissance pleine et entière de son droit à être qui il est, à sentir ce qu’il sent, à vivre le monde tel qu’il le vit. En fonction de son histoire de vie, de ses valeurs…

On ne peut tout de même pas accepter que l’autre fasse n’importe quoi, ce serait l’anarchie ! ?

Dans ma relation à l’autre, il m’apparaît important de distinguer ce que l’autre est et vit, de ce qu’il fait. Ainsi, je peux accepter inconditionnellement l’autre sans me nier, c’est-à-dire en osant les limites de mon acceptation sur le point de vue des comportements. Par exemple, je suis résolument décidé à ne pas accepter le comportement de violence…par contre, je peux tout à fait choisir d’accepter que l’autre soit en colère contre moi ou soit frustré, en désaccord, ait peur et le prendre en compte, l’écouter, dialoguer… Ses émotions, ses opinions sont acceptables. Je peux accepter que l’autre conçoive le comportement-violence et, en même temps, affirmer clairement que le comportement-violence est un moyen d’expression qui m’est inacceptable.

Faut-il encore que je m’accepte… inconditionnellement ! ?

En effet, accepter l’autre passe par s’accepter soi. Pour accepter qui je suis, j’ai besoin de me vivre défini et donc de me poser des limites, un cadre. J’ai besoin de me remettre en question et d’être conscient de mon pouvoir réaliste limité. J’ai besoin de reconnaître le mystère de mon humanité (et de celle de l’autre). Et pour reprendre la question des comportements, j’ai aussi besoin de distinguer qui je suis de ce que je fais, mon être et mes comportements… Je peux sans conteste accepter inconditionnellement qui je suis et refuser d’utiliser certains comportements qui me paraissent inacceptables..image-acceptation

En d’autres termes, différencier être et faire ?

Exactement ! Si je poursuis sur l’exemple de la violence : ce choix de non acceptation du comportement-violence et de l’acceptation de l’émotion qui le sous-tend, que ce soit colère, frustration, peur (…) peut permettre à l’autre de se sentir entendu, reconnu sur l’essentiel de lui : l’intensité de ce qu’il vit. Il peut dès lors concevoir qu’il ne lui est pas nécessaire d’utiliser la violence pour être entendu…et peut-être même concevoir de lâcher ce comportement.

De même, il me semble que j’ai besoin de me poser la limite “non-violence”, tout en acceptant pleinement mes frustrations, mes colères, mes peurs, mes angoisses…pour découvrir comment les exprimer autrement que par le comportement à mes yeux inacceptable de la violence.

Qu’est-ce qui fait que certaines choses soient acceptables et d’autres pas ?

A ma connaissance, il n’y a rien qui soit universellement acceptable ou universellement inacceptable.

Chacun de nous a son histoire de vie (familiale, sociale, culturelle, religieuse, politique, philosophique…) dont il a tiré certaines valeurs, certaines croyances… L’acceptabilité de quelque chose semble influencée par trois facteurs principaux :

  • Qui je suis, ce que je sens, pense, crois, désire…comment je me sens, physiquement, émotionnellement…p.ex. : je peux accepter que quelqu’un me fasse un gros reproche –même si cela m’embête- un jour où je suis heureux, paisible, à l’aise, alors que j’aurais plus de difficulté à, ne serait-ce que le supporter, lorsque je suis tendu, nerveux, honteux ou que je me sens très triste.
  • Ma perception de l’autre, ce que je crois sur lui, ce que je crains, ce que je me fais croire que je sais, ce que j’anticipe de sa réaction… p.ex. le même reproche venant de quelqu’un dont j’ai l’impression que l’intention est amicale, soutenante ou constructive me sera plus acceptable que si je crois qu’il cherche à m’écraser m’humilier, me blesser et si j’imagine qu’il va s’acharner sur moi.
  • Le moment et l’environnement …Par ex. si ce reproche porte sur ma vie privée, il m’est plus facilement acceptable s’il est effectué en privé que s’il m’est exprimé dans un cadre professionnel et que je le vis en décalage.

Pour revenir à s’accepter  n’est-ce pas impossible de s’accepter totalement et d’accepter tout l’être de l’autre ?

Non : c’est difficile…. à ne pas confondre avec c’est impossible… Je considère que c’est surtout quelque chose que l’on ne nous a pas enseigné et que nous n’avons pas appris. J’ai donc besoin de m’enseigner à m’accepter et à accepter l’autre pleinement et entièrement. Par conséquent, comme tout apprentissage, il s’agit d’un processus qui demande du temps et de l’énergie.

Si j’observe ma vie, les sensations de honte et de culpabilité liées à ma non acceptation de l’autre et de ma non-ouverture à négocier respectueusement avec l’autre peuvent me fatiguer à la longue ! Alors pourquoi ne pas consacrer ce temps et cette énergie à :

  • M’accueillir et à accueillir l’autre ?
  • Reconnaître mes droits et ceux de l’autre à être qui nous sommes ?
  • Repérer comment concilier nos existences ?

Vivant 365 jours par année, 24 heures par jour avec moi-même, je ne peux que bénéficier d’une attitude acceptante que j’établirais avec moi-même. Le fait que je vive en société, fréquemment en relation avec d’autres personnes, implique que le climat de mes relations influera vraiment sur mon humeur et mon moral. En implantant résolument de l’acceptation dans ma vie, j’enrichis mes relations d’une qualité dont nous pouvons bénéficier les uns les autres. Cela peut grandement faciliter mon acceptation de l’autre.

Pour évoluer à ce sujet, j’ai besoin de m’engager pleinement dans la direction d’accueillir qui je suis, l’autre, la vie. J’ai donc besoin de repérer mes peurs, les croyances et les connotations que j’attribue à l’acceptation.

Accepter a été très souvent connoté, y a-t-il un synonyme « clair » ?

Accueillir pourrait tout à fait être le synonyme d’accepter.

Comment peut-on faire pour s’accueillir et accueillir l’autre ?

Il ne s’agit pas de faire. Il s’agit d’être accueillant et non pas de faire de l’accueil. M’accepter et accepter l’autre passent par une bienveillance, par-delà les façades, par-delà les « je/tu devrais », par-delà les « jeux de vrais/faux, bien/mal » par-delà les attentes, par-delà le devoir de faire plaisir, par-delà les besoins réciproques d’être aimé, par-delà la honte ou le blâme. Et cet état de bienveillance peut s’atteindre, nous l’atteignons tous par moment avec nos proches, nos amis. Nous pouvons donc l’entretenir. D’autant plus que de nombreux indices nous signalent lorsque nous sortons de cet état d’accueil et entrons dans le non-accueil.

Vous dites « des indices de non-acceptation » à quoi pensez-vous ?

Il y en a beaucoup : les jugements, bien entendu, avec tout ce qu’ils peuvent comporter de mépris, de dégoût, d’impatience, de menace, de moralisation, d’humiliation, de minimisation… Il y a aussi tous ces jeux de pouvoir où je cherche à avoir raison, à prouver que l’autre a tort, à le dominer, l’écraser, ou à me rehausser ou encore à ruser, affaiblir, manipuler, voire même être méchant, malveillant etc…

Il est vrai que toutes ces formes de non-acceptation n’aident pas la relation… c’est le moins que je puisse dire.

Dans la relation d’aide, l’acceptation a-t-elle une spécificité ?

Pour moi, oui et non. La fonction de l’acceptation y est spécifique : nécessaire sine qua non dans l’établissement d’un climat de confiance favorable au développement de la personne. Sans acceptation, je ne veux pas réellement  aider  L’autre, je veux qu’il/elle soit autrement. De même, du point de vue éthique, l’acceptation permet d’éviter les tentations manipulatrices et d’assurer le respect de l’intégrité de l’autre.

Hors relation d’aide, je pourrais tout à fait vivre toute une vie en n’acceptant pas certains autres. Quitte pour cela à en vivre les conséquences fatigantes, tumultueuses voire pénibles que cela implique.

Néanmoins, l’essence de l’acceptation ne présente aucune spécificité quel que soit le cadre personnel ou professionnel dans lequel l’acceptation s’inscrit; elle reste synonyme d’accueil de la réalité de l’autre et de bienveillance envers soi et envers l’autre. Carl Rogers l’avait aussi nommée « considération positive inconditionnelle » :

« Par l’acceptation, je veux dire un regard chaleureux pour lui en tant que personne ayant une valeur personnelle et inconditionnelle quels que soient sa condition, son comportement ou ses sentiments. Cela signifie un respect et une appréciation pour lui en tant que personne distincte, une volonté de lui accorder ses propres sentiments et sa propre façon de faire… » (Rogers, 1968)

Il m’apparaît que l’acceptation s’apparente donc réellement à une ouverture ?

En effet, il s’agit bien de m’ouvrir à nos réalités. Ainsi, je peux m’accueillir et l’autre personne peut se sentir accueillie, reconnue, entendue dans ce qu’elle sent, ce qu’elle croit, ce qu’elle dit ce qu’elle est. Et là, me semble t-il, la relation, la rencontre, n’en est que plus facilitée !

Ne pas confondre Accepter et…
  • … Tolérer, supporter

Si je considère qu’accepter et tolérer ou supporter sont synonymes, je vais certainement me contenter de tolérer l’autre (dans certains cas). L’arrière-pensée, l’arrière-goût risque de rester en toile de fond de notre relation : je ne fais que supporter l’autre. Si, par contre, je franchis le pas qui mène à l’acceptation, j’ancre le respect réel et donc le potentiel de croissance et de paix.

  • … Céder, me soumettre ou subir, ou même me résigner

Dans cette confusion, je risque d’avoir à me nier pour accepter l’autre; et cela finira par ne pas me convenir. Non ! Accepter l’autre va avec m’accepter : je peux et préfère nettement, nous accepter tous les deux ; ce qui en découlera ne sera pas forcément plus « facile » au premier abord mais sera plus respectueux de chacun de nous, potentiellement donc plus équitable, et espérons plus fructueux à moyen et à long terme.

  • … Comprendre

Si j’entre dans cette confusion, les limites de mon acceptation seront vite atteintes là aussi, car je ne peux pas vraiment comprendre l’autre, sa complexité par-delà mes sur-simplifications m’est inaccessible; parfois même il a des raisonnements, des positions, des attitudes que je juge incompréhensibles… Ne pas comprendre l’autre et néanmoins l’accepter, c’est accueillir le mystère de sa complexité et de la mienne et donc d’accueillir la rencontre avec ce mystère et la recherche de co-existance.

  • …Être d’accord avec

Par ce mélange, je vais me retrouver là aussi, dans des situations hautement inconfortables. Dans ce cas, paraphrasant et complétant à ma manière la célèbre phrase de Voltaire, je préfère la position suivante : “Je ne suis pas d’accord avec vous et je vais œuvrer résolument pour nos droits à chacun de sentir, penser et croire avec nos manières spécifiques respectives et respectées”. image-acceptation2

  • … Aimer

En liant de manière sine qua non ces deux sensations, aimer et accepter je me retrouve coincé : les gens que je n’aime pas, il me devient impossible de les accepter ! Alors qu’il s’agit là de deux sensations différenciables. Je ne peux pas aimer tout le monde (je ne sais même pas si ce serait souhaitable) alors que je peux sans aucun doute accepter, accueillir tout être humain dans ce qu’il est… même si cela n’est pas facile et demande une attention et une conscience à soi et à l’autre parfois absente.

L’Empathie : Une rencontre de l’univers de l’autre

L’empathie, qu’est-ce ?

C’est une manière d’entrer dans le monde unique de l’autre, tel qu’il le vit, tel qu’il le perçoit, le ressent, l’interprète. Dans le processus empathique, je «deviens » temporairement l’autre : je cherche avec délicatesse, sans jugement ou interprétation personnels, à ressentir la vie à sa manière, à traduire le monde selon ses modes de pensée, de valeurs, de croyances, son imagerie, ses sensations…

Carl Rogers l’expliquait fort bien ainsi :

“L’empathie ou la compréhension empathique consiste en la perception correcte du cadre de référence d’autrui avec les harmoniques subjectives et les valeurs personnelles qui s’y rattachent.

Percevoir de manière empathique, c’est percevoir le monde subjectif d’autrui « comme si  » on était cette personne – sans toutefois jamais perdre de vue qu’il s’agit d’une situation analogue, « comme si « .

La capacité empathique implique donc que, par exemple, on éprouve la peine ou le plaisir d’autrui comme il l’éprouve, et qu’on en perçoive la cause comme il la perçoit (c’est-à-dire qu’on explique ses sentiments ou ses perceptions comme il se les explique), sans jamais oublier qu’il s’agit des expériences et des perceptions de l’autre.

Si cette dernière condition est absente, ou cesse de jouer, il ne s’agit plus d’empathie mais d’identification”.

(Rogers, 1962, p.197)

A première vue, cela me paraît impossible.

Probablement, en effet, qu’une perfection d’empathie est impossible. Par contre plus je m’oriente vers cette forme de compréhension de l’autre, et plus je me rapproche de le comprendre vraiment, en fait, ce sont là les moments où la personne se sent le plus écoutée, entendue, comprise par moi.

Cela semble impliquer que j’accepte vraiment cette « autre réalité » dans laquelle je cherche à entrer…?image-empathie

Oui. Et cet accueil nécessaire est réellement facilité lorsque je m’aventure dans le monde intérieur de l’autre comme un explorateur, un archéologue, ou un ethnologue dont la curiosité authentique serait dénuée de « pré-jugement ». Mon acceptation est d’autant plus importante que ce sont là des moments où je cherche à comprendre plutôt qu’à influencer, des moments où je vérifie et clarifie si j’ai bien compris ce que l’autre cherche à exprimer. Je cherche « à comprendre avec » l’autre et non pas « à comprendre pour » l’autre. Pour ce faire, j’entre en l’accueillant dans son univers.

N’y a-t-il pas des risques sérieux de se perdre dans ce processus ?

Si je m’identifie à l’autre, certainement, je risque même d’être “captif” de cette pseudo-empathie! Sinon pas. L’ethnologue pour comprendre une tribu, ses valeurs, son fonctionnement, ses rituels etc… a besoin de pouvoir s’immerger dans leur monde, tout en restant lui-même, car il n’en reste pas moins un étranger, quelqu’un ayant une autre identité, un autre système de valeurs, d’autres formes de fonctionnement, même s’il rencontre des similarités, des points communs partiels et momentanés avec cet autre monde…

Cette même «double » réalité est nécessaire dans le processus d’empathie : je reste moi et entre dans l’univers de l’autre. Sinon je vais être joyeux quand l’autre est joyeux, avoir mal de la douleur de l’autre, ou « pomper » sa dépression ; en d’autres termes, je risque de vivre par procuration ses joies, ses peines. Et là, je suis en danger. Il ne s’agit ni d’être indifférent, ni de voir l’autre à travers soit pour que ce processus (rappelant d’une certaine manière la maïeutique de Socrate) facilite vraiment l’expression de l’autre et sa sensation profonde d’être compris.

Il y a donc un équilibre subtil à établir, une limite claire à mettre entre ce qui est moi et ce qui est l’autre…

Equilibre est le mot. Il s’agit en effet de conserver une différentiation équilibrée, c’est-à-dire claire, à l’intérieur de moi, entre l’autre personne et moi. D’une part, donc, j’ai à me connaître dans ma réalité, mes valeurs et mes fonctionnements, mes limites et savoir repérer nos similarités et nos différences ; d’autre part, j’ai à n’en pas douter, besoin de me sentir en sécurité interne (psychique) pour oser laisser cohabiter , exister en moi sa version du monde et la mienne, sa version de la réalité et la mienne. Plus ces équilibres de clarté et de cohabitation interne sont présents, plus la différentiation est simple et par conséquent plus mon écoute empathique est une sécurité pour chacun de nous deux.

Beaucoup de gens croient qu’il est plus facile d’être empathique avec quelqu’un que l’on apprécie qu’avec quelqu’un que l’on n’apprécie pas.

C’est humain de croire cela, d’autant qu’être empathique implique accepter la réalité de l’autre et que certains confondent accepter et aimer. Pourtant, dès lors que j’accepte l’autre, qu’il me soit sympathique ou non, je peux tout à fait orienter mon être vers comprendre empathiquement sa réalité. Faut-il encore que je le veuille !… ce qui est autre chose. Je peux ne pas vraiment vouloir le comprendre: ma résistance à entrer dans son monde peut en conséquence être plus grande, ce qui est OK. Cela ne veut pourtant pas dire que si je voulais comprendre la personne je n’y arriverais pas, même si elle m’est antipathique. J’aurais par contre à oser transformer l’obstacle que représente ma sensation immédiate, mon jugement « antipathique ».

De même lorsque je sens et juge quelqu’un comme « sympathique », voire quand je l’aime, il peut m’être plus difficile, par moments, de différencier nos mondes. Par sympathie ou par antipathie, j’aimerais que l’autre ceci ou cela, je crois que l’autre devrait ou pourrait au moins ceci ou cela… et j’enclenche en moi des attentes ou j’entre dans l’interprétation, le conseil, voire la menace etc…et je cherche à induire des réponses. A ces moments, je suis clairement hors écoute empathique.

Le processus d’empathie est donc à différencier de la sympathie ou de l’antipathie

Très nettement, puisque l’empathie consiste à rester autonome, non-dépendant de l’autre et n’a pas, en elle-même, d’intention ou de connotation autre que comprendre le monde de l’autre tel qu’il est perçu par l’autre !

L’empathie dans la relation d’aide a-t-elle une spécificité ?

Non. Par contre, du fait que je peux surajouter à l’empathie, je dirais presque « hélas ! », toute intention que je choisis, bienveillante ou malveillante, comprendre vraiment l’autre pourrait servir aussi à abuser de lui ou d’elle. C’est pourquoi l’empathie dans les moments de relations constructives et dans la relation d’aide s’accompagne de manière sine qua non de l’acceptation, de l’accueil de l’autre, sans jugement, sans bienveillance ou malveillance, sans projet pour l’autre.

On pourrait croire qu’accepter, accueillir l’autre et être empathique suffisent pour établir une relation constructive.

Pourtant si j’en reste là, je peux très bien ne pas m’impliquer dans la relation. Et je doute que ce soit vraiment constructif ! Or, je suis en effet important, moi aussi, ne serait-ce que par ma présence, dans la relation et l’influence que celle-ci a. Etre acceptant et empathique n’a pas à signifier être absent, mou, laxiste ou soumis. Je ne suis pas plus important que l’autre et pas moins. D’où l’importance d’y allier une présence congruente.

La congruence, une authenticité spécifique

La congruence, qu’est-ce ?

La congruence désigne ces moments où ce que je vis, ce que je réalise et ce que j’exprime sont cohérents, en accord. Prenons un exemple : j’ai peur, je réalise que j’ai peur, je l’exprime. En fait, c’est m’écouter, m’entendre, m’accepter et me montrer tel que je suis, de manière délicate envers moi et envers les autres ; j’ouvre la porte de ma réalité profonde. La congruence est empreinte du respect que je me porte et que je porte aux autres.

image-congruenceS’ouvrir profondément et respectueusement ?

Et librement, car la congruence est libre, exempte de tout jugement de moi ou des autres. J’enlève mes masques, mes façades ; je me montre tel que je suis, y compris dans mes ambivalences et mes ambiguïtés, dans ma vulnérabilité et dans mes zones d’ombre ou de honte. Je prends le risque de déplaire et j’exprime ma réalité -même si elle ne correspond pas à celle que l’on me dit que “je devrais” vivre ; et ce, au risque de ne pas être aimé. Lorsque je suis congruent, je n’entre pas non plus dans les jeux de pouvoir, je ne recherche pas le pouvoir sur l’autre ou pour l’autre, ni ne lui en donne sur moi. J’affirme simplement ce que je ressens profondément à l’intérieur de moi.

Cela me semble difficile.

Au début, oui, car nous n’avons pas appris à être congruent. Au contraire, dans notre enfance, on nous disait plutôt : “Un garçon, ça ne pleure pas!” ou “Sois grande maintenant, tu n’as pas de raison d’avoir peur de dormir sans lumière!”, etc… les exemples sont innombrables. Nous avons appris à grandir par une synergie de soumissions et de rebellions qui complexifiait l’écoute, le respect et l’expression de ce qui se passait en nous. D’où les difficultés que nous avons à dé-couvrir nos réalités intérieures. Par contre, rien n’est perdu, comme tout le monde, je peux mettre de l’énergie dans ce sens, apaiser les craintes, diminuer les hontes d’être qui je suis et, peu à peu, oser m’enseigner à entendre, écouter, respecter et exprimer qui je suis. Ainsi pourrai-je m’affirmer.

Il n’est pourtant pas toujours faisable d’être congruent…!?

Toujours ? Non, bien entendu : l’absolu et la perfection, sont inatteignables pour l’être humain, même si de nombreuses personnes s’en veulent d’être imparfaits. Nous sommes tous, souvent non-congruents, et le resterons, car nous disposons de nombreux autres modes d’expression, selon notre intention. Je n’ai pas toujours l’envie, l’intention de m’ouvrir à l’autre et c’est à respecter. La question est, pour moi, de prendre conscience que j’ai le droit, que je peux m’autoriser à investir sur ma réalité pour construire ma vie, mes relations personnelles ou professionnelles. Dès lors, je peux choisir, quand je le veux, de m’exprimer en profondeur et d’offrir à la relation mon humanité authentique.

Cela demande beaucoup de conscience !

Prendre conscience, c’est dé-couvrir qui nous sommes et l’accueillir. Puisque je vis en permanence avec moi-même, il peut être essentiel que je me reconnaisse pour qui je suis et ce que je vis. J’accrois, ce faisant, la possibilité de communiquer mon humanité constructivement.

Faut-il encore avoir envie d’être constructif !?

Là, réapparaît l’importance de mes intentions, car la congruence est constructive dans son essence: il s’agit de s’exprimer, de s’affirmer de manière simple, une manière qui ne contient pas d’autre intention que de communiquer à l’autre ce qui se passe profondément en moi. Je m’approprie mes émotions, mes pensées, mes valeurs etc… J’exprime mes sensations, mes perceptions sans interprétation, sans les coller à l’autre, ouvrant tout au contraire le dialogue. Donc en étant congruent, je facilite la communication constructive.

Cela n’implique-t-il pas d’avoir confiance en moi ?

Peut-être en effet. J’ai surtout besoin de m’accepter et de me considérer avec bienveillance : je suis comme je suis, et c’est OK. Après tout, pourquoi ne pas être activement qui je suis, et en tenir compte dans ma manière de communiquer et de le montrer ? “Si je ne suis pas moi-même, disait à juste titre Hillel, qui le sera pour moi?”. J’ai aussi besoin d’assumer ma complexité et d’en prendre la responsabilité. Ainsi, peut-être oserai-je abandonner le paraître et prendre en compte mes désirs et ma liberté d’être qui je suis, ma liberté de sentir, de penser, de croire, et donc ma liberté d’exprimer, de demander, de refuser….
Ainsi puis-je activement aller vers ce qui me convient vraiment.

Mais, toute vérité n’est pas bonne à dire !?

Je ne sais pas. C’est ce que l’on nous a appris. Mentir ou “poliment déguiser la réalité” peut aussi blesser. Dans les faits, je ne peux savoir ce que l’autre fera de ce que je lui exprimerai : je n’ai pas de garantie quant aux effets de ce que j’exprime. Et ce, même hors congruence.En réalité, j’ai besoin de me questionner sur “Quelle vérité?” LA vérité? Il serait présomptueux de ma part de croire la connaître. MA vérité Sur l’Autre? Les jugements (positifs ou négatifs) ne sont pas loin. La congruence se contente d’exprimer MA vérité sur Moi dans la relation à l’Autre: sans parler d’elle ou sur elle, je lui exprime ce qui se passe en moi, lorsqu’elle a tel ou tel comportement, p.ex. “Je n’aime pas quand tu arrives en retard.” L’Autre reste responsable de ce qu’il en fera, mais a la possibilité de se sentir respecté, par le fait que je ne lui fais aucun reproche, je me contente de lui exprimer ce que j’aime  et ce que je n’aime pas. je m’ouvre à lui dans ce qui me compose, dans comment je suis, comment je vis notre relation. Cette expression respectueuse et libre de ma réalité intérieure, qu’est la congruence sollicite l’autre dans la profondeur de son humanité ; qu’il choisisse d’y répondre sur ce mode ou non.

Alors quels sont les dangers d’être congruent ?

Le plus souvent, il s’agit de risques plutôt que de dangers. Le réalisme est là de rigueur : l’expression de soi ne présente généralement pas de dangers de vie ou de mort. Et ces risques sont à évaluer honnêtement, par-delà mes anticipations catastrophistes. Comme lorsque je choisis de traverser une route : à quel moment la traverser ? et comment ? J’ai à repérer ou à créer la possibilité, le moment, le climat favorable à mon expression : empathie, acceptation et congruence réunies sont indispensables. J’ai peut-être aussi à demander à être écouté et à prendre le risque d’exprimer ce que je vis à l’intérieur … sinon je reste au bord du trottoir à attendre que les autres me “cèdent le passage”, et, parfois, je risque d’attendre extrêmement longtemps.

Cela risque donc d’amener à la confrontation, ou au conflit…?

Si il n’y a pas conflit, non. Si le conflit est présent de manière latente ou ouverte, l’expression congruente peut, par contre, représenter un passage par le conflit exprimé et un pas vers sa résolution.

Lors d’un conflit latent, ou plus ou moins ouvert, ne pas exprimer ou exprimer de manière détournée ou frontale implique une position défensive-agressive. Les frustrations augmentent au fur et à mesure que les blessures s’accumulent les unes sur les autres. Le système de la cocotte minute est en place: l’implosivité-explosivité mijote. Le terrain est miné. Les bombes à retardement se font de plus en plus nombreuses et menaçantes. Non seulement, de cette manière, la résolution du conflit reste lointaine et envisagée de plus en plus douloureuse, mais aussi et surtout les risques d’implosion-explosion (au moindre incident) s’accroissent drastiquement.

La congruence, quant à elle, étant une expression respectueuse de soi et de l’autre, elle est fondamentalement ni défensive, ni agressive. L’expression congruente étant sans jugement, sans attaque, sans protection excessive, elle donne une chance à la conciliation: étant  plutôt descriptive de ma réalité intérieure, elle n’augmente pas le taux général de tensions et d’agressivité de la relation, donc n’augmente pas la dynamique du conflit. Dans un sens, la congruence, alliée à l’empathie et l’acceptation inconditionnelle de l’être peuvent lorsqu’elle sont présentes donner une chance à la paix…

J’ai donc à démystifier la confrontation et le conflit ?

Oui. J’ai à apprendre à ne plus en avoir peur, à ne plus l’éviter à tout prix, à accepter qu’il est là, à ce moment. J’ai aussi à ne plus plonger tête baissée de manière réactive dedans : soit par l’évitement, la résignation, la soumission à une pseudo-fatalité, soit par la guerre, les contre-attaques, la rébellion… La manière réactive entretient les sensations de toute-impuissance et de toute-puissance, et les moments de dépendance et de contre-dépendance. Ces sensations, ces moments entretiennent, à leur tour, le conflit. S’exprimer de manière congruente permet de reconnaître le conflit sans le pourrir ou le laisser pourrir: j’active la possibilité d’échanger d’être humain à être humain et d’aller ensemble vers une résolution du conflit. Ceci est d’autant plus vrai si le maintiens sur la durée mon investissement dans ce climat d’écoute empathique, d’acceptation inconditionnels de nos êtres et de nos réalités respectives…et de congruence. Elaborer ensemble une ou des options mutuellement acceptable devient possible.

La congruence serait-elle donc une main tendue vers la paix?

A n’en pas douter, puisqu’elle est l’un des signes d’ouverture intérieure ! Lorsqu’elle est accompagnée de l’écoute empathique et de l’acceptation de nos unicités, la congruence est une ouverture à la rencontre d’humanité à humanité, au dialogue profond et à la coexistence pacifique.

Dans la relation d’aide, la congruence a-t-elle une spécificité?

Non, par contre l’association des trois attitudes proposées par Carl Rogers, dont la congruence fait partie, a une importance capitale : l’association des trois (acceptation inconditionnelle de l’être, l’empathie et la congruence) est la condition nécessaire et suffisante pour implémenter le climat relationnel facilitant le développement de la personne (Rogers, 1968).  En ce sens, elles sont essentielles à la résolution de problème, à la résolution de conflit, à l’intervention de crise et à la médiation.

Conclusion

Lorsqu’une personne a face à elle une autre qui :

  • l’accepte, l’accueille réellement, inconditionnellement dans qui elle est
  • et l’écoute, l’entend, cherche à la comprendre, dans ses ressentis, ses pensées, ses choix…
  • et se positionne ici et maintenant, s’ouvre, s’exprime de manière congruente, en s’exprimant en “je” et en partageant “seulement” sa réalité
  • et a confiance en le processus de développement

alors, elle perçoit, petit à petit, que le positionnement défensif-agressif lui devient non-nécessaire… même si ce dernier peut être difficile dans un premier temps à lâcher. Elle peut dès lors, à son rythme, diminuer cette tension en elle et utiliser ses ressources pour tendre vers son « mieux ». Il en est de même d’un groupe ou d’une équipe…

Cette détente produite par ce climat est propice à une émergence de confiance et de constructivité importante pour la résolution de problèmes et de conflits, qu’ils soient internes et/ou externes, relationnels. D’où l’importance pour le Psychodramatiste et pour bien d’autres professionnels de créer ce climat non-menaçant et d’assumer, habiter/faire vivre pleinement ce rôle de Facilitateur.

Quelques ouvrages à lire en français

De La Puente M. Carl Rogers : de la psychothérapie à la pédagogie, Epi, 1970.

Kirschenbaum H. et Henderson V. Carl R. Rogers : L’approche centrée sur la personne, Lausanne Ed. Randin, 2001.

Rogers C. Un manifeste personnaliste, Paris, Dunod, 1979.

Réinventer le couple, Paris, Robert Laffont, 1974.

Liberté pour apprendre, Paris, Dunod, 1972.

Les groupes de rencontre, Paris, Dunod, 1971.

La relation d’aide et la psychothérapie, ESF, 1970.

Le développement de la personne, Paris, Dunod, 1968.

Psychothérapie et relations humaines Vol. 1, 1962.

Quelques ouvrages en anglais

Brazier, D. Beyond Carl Rogers, London, Constable, 1993.

Rogers, C. R. A Way of Being, Boston, Houghton Mifflin, 1980.

Carl Rogers on Personal Power, New York, Delacorte Press, 1977.

Becoming Partners : Mariage and in Alternatives, New York, Delacorte Press, 1972.

Carl Rogers on Encounter Group, New York, Harper and row, 1970.

Freedom to Learn  : a View of What Education Might Become, Colombus, OH, .C.E. Merril, 1969.

On Becoming a Person, Boston, Houghton Mifflin, 1961.

Thorne, B.J. The quality of Tenderness, Norwich, Norwich Center Publications, 1985.

Date de publication : 17 janvier 2017

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