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Ambivalence quand tu nous tiens…!

Ambivalence quand tu nous tiens…!

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Des professionnels, dont Annick Milet Wagner, se penchent sur la question.

Les 3 et 4 octobre 2014, à Stuttgart (Allemagne), s’est tenue une rencontre annuelle entre professionnels, dont les instituts sont membres de la Fédération européenne et méditerranéenne des organismes de formation en psychodrame (FEPTO). Ils venaient d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, des Pays-Bas et de Suisse. Ce fut l’occasion de travailler autour des Méthodes d’Action, couramment utilisées en Allemagne tant dans le monde de la thérapie que dans celui de la formation et du coaching.

Les professionnels formés dans lesdits pays peuvent avoir des formations initiales différentes. Ils sont actifs dans le domaine du social, psychothérapeutes ou encore formateurs en entreprise, comme c’est le cas d’Annick Milet Wagner, au sein de l’ODeF. Elle nous fait le récit de l’une des expériences menées par ce groupe de travail pratique en langue allemande.

L’expérience (méthodologie et objectifs)

L’objectif du jour était d’explorer le thème de l’ambivalence. Dans ce but, un modèle a été proposé (Peter Wertz-Schönhagen 2014) afin de décrire quatre attitudes possibles face à l’ambivalence :

  1. “Eviteur d’ambivalence” : La première est une positon de clarté face à l’ambivalence : le protagoniste pense avoir une ligne de conduite définie et n’hésite pas à prendre des décisions allant dans cette direction. Il évite ainsi l’ambivalence en se basant sur ces principes. Cette attitude a donc un certain caractère de prévisibilité et de stabilité.
  1. “Assumeur d’ambivalence” : La deuxième position proposée par le modèle de l’expérience du jour est celle de l’analyse et de l’évaluation. Lorsqu’une décision est à prendre, il s’agit de regarder en face cette ambivalence ; plutôt qu’esquivée, l’ambivalence est décortiquée, analysée dans ses différents tenants et aboutissants : quels avantages et inconvénients, quels débouchés vont-ils ressortir si l’on prend telle décision plutôt qu’une autre ? Il s’agit d’une approche analytique, qui fait que la décision prise au final découle d’une grille d’analyse d’options.
  1. “Surfeur d’ambivalence” : l’une des approches consiste à « surfer sur l’ambivalence », c’est-à-dire à se laisser porter par le flux des évènements. Dans ce cas, la décision est en fait souvent repoussée, puisqu’elle dépend de multiples facteurs internes et externes . Il s’agit plutôt de « faire confiance à l’univers » et de « se laisser porter ».
  1. “Joueur d’ambivalence” : Le dernier positionnement proposé est celui de la spontanéité, de l’immédiateté. La décision est alors prise dans la condition du moment, et va souvent de pair avec le refus de planifier ou de préparer ; il s’agit plutôt de gérer l’ambivalence en choisissant ce qui, sur le moment, semble soit être le plus attirant, soit constituer une enfreinte aux attentes extérieures qui pèsent sur celui qui prend la décision ; dans ce dernier cas, l’attitude peut être volontairement sulfureuse et inattendue pour les proches.
Réfléchir en action

Les échanges se sont faits en action et ont respecté la méthodologie du Dr. J. L. Moreno, à savoir que les protagonistes ont pris un long moment pour s’échauffer au groupe, au thème qu’ils souhaitaient aborder ainsi qu’à l’action.

Puis, les quatre attitudes possibles face à l’ambivalence ont été inscrites sur des panneaux posés au sol. Ainsi, chacun, spontanément, a pu se positionner à l’endroit qui lui semblait le plus approprié pour lui. De cette façon, le modèle est directement visualisé au sol et permet de travailler dans l’espace ; une personne peut se déplacer, décider de se tenir entre deux positions et expliquer pourquoi elle se sent bien dans les deux positions à la fois, expliquer qu’elle se trouve actuellement dans un travail pour aller dans un fonctionnement différent de l’actuel, etc. En un coup d’œil, il est donc possible de voir la typologie du groupe et de mettre en évidence les fonctionnements antagonistes de chacun.

Cette manière de faire a suscité des feedbacks de façon spontanée (“Tiens, tu t’es mis là ? Moi je te voyais plutôt ici.”)

Ensuite, les professionnels ont pu réfléchir à l’application de ce modèle. Tout en parcourant l’espace suivant l’attitude analysée, ils ont évoqué l’impact sur la manière de prendre des décisions pour un manager et les implications pour une personne qui fait un travail sur elle.

Le modèle proposé par le groupe de réflexion allemand n’est pas spécifique aux Méthodes d’Action. Néanmoins, en mettant celles-ci en œuvre pour utiliser ce modèle, on permet une analyse basée sur une observation physique, puisque les protagonistes rejouent leurs prises de décision dans l’espace du lieu choisi. Le modèle est directement visualisé au sol et permet aux protagonistes d’expliquer leurs positionnements. La réflexion peut donc, selon les questions posées aux personnes présentes, qui peuvent se déplacer d’une position à l’autre, se révéler plus profonde que celle d’une analyse plus classique. Durant cette expérience, les Méthodes d’Action ont ainsi permis une observation aigue des tendances de chacun face à l’ambivalence lors des prises de décisions.

Interview d’Annick MILET WAGNER réalisée par Vincent CHAZAUD

Date de publication : 9 décembre 2014

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